Bienvenue sur le blog de l'association loi 1901 Objectif Mada - Tanjona Mada

Voici le blog sur lequel après avoir pu suivre jour après jour le périple de Simon et Stéphanie à Madagascar, vous pouvez suivre les réalisations d'Objectif Mada.

mercredi 20 avril 2011

Nouveau blog

Le blog actuel va être prochainement supprimé. Retrouvez-nous sur le blog de notre site internet: http://www.objectifmada.org/de-vous-a-nous/le-blog

vendredi 1 avril 2011

Newsletter n°5 !

Bonjour à tous les inscrits de la newsletter d’Objectif Mada. Nous tenons tout d’abord à nous excuser pour le retard considérable qu’a pris l’envoi de cette newsletter, plus de trois mois après notre retour de Madagascar. Pour ceux qui se poseraient encore la question, oui, nous sommes donc bien de retour. Les évènements se sont enchainés depuis, et nous n’avons pu que constater que le temps passe beaucoup plus vite en France qu’à Madagascar. Mais cette newsletter, malgré tout, a finalement pu voir le jour, comme les précédentes. Elle vous invite à découvrir nos dernières semaines à Madagascar, durant tout le mois de décembre. Bonne lecture !

De Fianarantsoa à Manakara
Notre retour à Tananarive, capitale malgache, ne durera que quelques heures : sitôt arrivés et sitôt réglées quelques affaires courantes, nous voici réembarqués dans un taxi-brousse direction le sud, Fianarantsoa. Départ tardif, nous avons dont voyagé en partie de nuit, mais nous avons malgré tout pu voir la jolie route en lacets, les magnifiques paysages ainsi que le changement architectural puisque dans cette partie du pays, les maisons sont en terre cuite.
Fianarantsao est l’une des villes les plus pauvres du pays parce qu’elle n’a ni grosses entreprises, ni beaucoup de touristes. Elle n’en reste pas moins une ville très charmante avec un joli cachet, notamment dans la vieille ville toute en hauteur et en pierres rouges. Elle bénéficie d’ailleurs d’une association de sauvegarde qui a permis de restaurer le cœur historique, mais qui peine aujourd’hui à vivre. On a pu constater que la mentalité des gens de la ville était complexe. En effet, beaucoup espèrent des jours meilleurs, mais ne font qu’attendre qu’ils arrivent sans prendre de décisions concrètes pour s’en sortir. Ils espèrent tout simplement un geste de dieu…
Mais « Fianar », comme on l’appelle ici, est et restera l’une de nos villes préférées dans ce pays.
Cette ville a également une particularité : une voie de chemin de fer qui elle, par contre, est devenue au fil du temps très touristique : la ligne FCE (Fianar/Côte Est). Existant depuis 1930, tout ou presque est encore d’origine ! Les rails datent quant à eux de 1883 et ont été réquisitionnés aux Allemands par les Français avant d’être transportés par bateaux à Madagascar. La locomotive est cependant un peu plus récente puisque c’est un don suisse : elle n’a qu’une trentaine d’années. Il faut dans les bons jours 10 heures pour faire 170 km et le train s’arrête dans 17 gares où à chaque fois des dizaines de vendeurs à la sauvette (souvent très jeunes !) nous accueillent en se ruant sur le train, espérant nous vendre leurs fruits, bijoux, chapeaux ou autres beignets. C’est tout un rituel et beaucoup de ces villages ne vivent que par le train puisqu’il n’y a pas de route pour s’y rendre.
Le côté très touristique de ce train n’a pas forcément que des bons côtés pour la population locale : De nombreux touristes, inconscients, jettent par la fenêtre habits et chaussures neuves, distribuent argent ou biens à tout va, et les villageois sont ainsi de plus en plus dans l’attente. Les dons sont pour eux un dû. Nous voyons ainsi une bourgeoise parisienne qui, sans doute pour flatter son égo, distribue à tout va des habits presque neufs dont ses filles gâtées ne voulaient plus. Une nuée de petites filles se jette alors dessus en se battant, abandonnant du même coup ses cargaisons de bananes à vendre aux touristes et manquant du même coup de tomber sous le train… Un cri général de stupeur s’élève dans le train en voyant la scène, mais cela n’arrêtera pas la bourgeoise responsable de ce désastre, décidément bien en manque d’égo et d’amour-propre (à moins que ce ne soit un moyen de se vanter auprès de ses copines à son retour) puisque son manège se poursuivra durant tout le trajet. C’est malheureux de constater le mal que peuvent faire certaines personnes juste pour se donner bonne conscience. Les conséquences de ce genre de geste sont désastreuses parce que les enfants sont de plus en plus en demande (ils nous demandent parfois même le T-shirt que nous sommes en train de porter !) et ils préfèrent guetter l’arrivée du train plutôt que d’aller à l’école. Beaucoup d’ONG se battent contre ça : donner ou jeter des affaires sans rien demander en échange n’aide pas les gens à devenir autonome, et ça crée un assistanat dangereux.
Malgré tout, ce voyage en train mythique reste très agréable et les paysages merveilleux.
Manakara est quant à elle une ville sympathique et de taille moyenne. Elle longe le canal des Pangalanes (qui va jusqu’à Tamatave et que nous avons emprunté en pirogue) et l’océan Indien. Cette ville, assez touristique, reste marquée par la fin du colonialisme avec ses anciennes maisons aujourd’hui à l’abandon. Comme Tamatave ou Tuléar, elle compte de nombreux pousse-pousse. Le canal des Pangalanes, construit à partir des nombreux lacs et rivières existants, date de l’époque coloniale et faute d’entretien, il n’est plus navigable que sur certains tronçons.

Tuléar
La route pour Tuléar est tout simplement magnifique, avec quelques 18 paysages très différents les uns des autres, nous faisant penser tour à tour aux vallées de l’Auvergne, au Far-West Américain, au Mont Rushmore, à Ayers Rock ou encore au désert de sable du Sahara : impressionnant !
Tuléar est la plus grande ville du Sud-Ouest de Madagascar. Son style est assez proche de celui de Diégo-Suarez tout au nord, bien que les peuples qui vivent dans ces deux villes n’aient rien de commun. Il y faisait encore plus chaud et pour cause : nous y étions deux mois plus tard, c'est-à-dire en plein été, et à l’approche du solstice de décembre les rayons du soleil étaient presque exactement perpendiculaires à la terre en ce lieu, situé exactement sous le tropique du Capricorne. Autant dire que la chaleur est suffocante. Par ailleurs, l’épaisse chaine de montagne des haut-plateaux, parcourant le pays du nord au sud, est une véritable barrière à nuages : toutes les masses nuageuses venant de l’océan indien s’y trouvent bloquée. Ainsi, l’Est du pays est presque quotidiennement arrosé (il y a ainsi, comme le disent les gens de là bas, deux saisons : la saison des pluies, et la saison où il pleut…) tandis qu’il ne pleut jamais à l’ouest, où se trouve Tuléar, sauf durant les cyclones. De vastes déserts s’y sont donc installés.
Tuléar n’a rien d’exceptionnel, mais reste à 22km (soit 2 heures !) de taxi-brousse d’Ifaty et de Mangily, deux villages de pêcheurs transformés en station balnéaire pour touristes étrangers et malgaches aisés. Ici aussi, on remarque la présence de nombreux pousse-pousse et de vasahas. A noter également un musée maritime avec quelques spécimens rares qui mériteraient plus d’attention.

Ifaty
Ifaty est donc la station balnéaire au Nord de Tuléar. Ce village est très prisée par les touristes, on le constate tout de suite par ces prix et le nombre d’hôtels… Mais Ifaty reste un petit paradis avec son lagon et ses jolies plages, un lagon en danger. Sur plusieurs sites, les coraux sont attaqués par une maladie bactérienne qui les tue peu à peu. Parfois, 95% d’entre eux ont déjà disparu. Par ailleurs, suite à une mauvaise gestion des ressources halieutiques et à une pêche abusive, plusieurs groupes de crustacés et de mollusques, dont la cigale de mer, sont aujourd’hui menacés. Une ONG travaillant avec le WWF, Reef Doctor, œuvre contre ce massacre en sensibilisant notamment les restaurants afin qu’ils n’en fassent pas manger aux touristes… Mais la route est longue !
La relation entre les malgaches et les touristes est également mitigée. Si certains autochtones profitent de cet attrait en devenant gargotier, en proposant des promenades et autres visites ou en se transformant en vendeurs de plage, d’autres par contre subissent la hausse des prix et se sentent spoliés par cette invasion de vasahas. Et la tension est palpable… Ce qui crée une ambiance particulière.
Un autre problème qui subsiste, c’est le faible taux de scolarité. A deux heures en taxi-brousse de Tuléar, Ifaty ne possède pas de lycée et de ce fait de nombreux jeunes, faute de pouvoir être scolarisés après la 3éme, deviennent vendeurs de plage. Leur « succès » en termes de rentrée d’argent incite même les collégiens à faire de même plutôt que de suivre les cours. C’est la raison pour laquelle nous avons fait en sorte de ne jamais rien acheter à des enfants, pour ne pas inciter ce phénomène. Mais là encore, ce n’est pas si simple : si ces enfants ne ramènent pas d’argent et ne peuvent pas non plus suivre une scolarité, leur situation risque de se dégrader encore plus…
Ifaty et Mangily sont donc des paradoxes entre luxe, beauté, pauvreté et problèmes écologiques.

Le parc de l’Isalo
Situé entre Tuléar et Fianarantsoa, le parc de l’Isalo est le parc le plus touristique de Madagascar avec ses 25.000 visiteurs par an en moyenne. En effet, la route est goudronnée depuis la capitale, et la majorité des touristes n’aiment pas trop les complications…
Pour s’y rendre, nous sommes passés par les villages des chercheurs de saphirs. Nous n’y sommes pas à l’aise, et l’ambiance malsaine de ces villages se ressent : nous avons l’impression d’être en plein western, et ce n’est pas seulement de décors qui donne cette impression.
Les mines de saphir sont quant à elle creusées sans aucune consigne de sécurité. Le nombre d’accidents et d’éboulements est impressionnant : toutes les semaines des galeries s’écroulent, ensevelissant par la même occasion ses occupants. De plus, dès que quelqu’un trouve une pierre d’une valeur importante, il doit partir le plus vite possible avec sa famille et ses affaires et partir sans laisser de traces, vers la capitale où il pourra négocier sa pierre. S’il attend la nuit, il sera systématiquement dévalisé. Autant dire que nous avons préféré ne pas trop nous attarder dans ces contrées !
A notre arrivée, les guides se battent pour savoir lequel sera le nôtre : « bonjour, je suis votre guide, suivez-moi » « bonjour, c’est moi votre guide, parce que le règlement veut que c’est le guide qui est devant le taxi-brousse qui est prioritaire… » Stéphanie, excédée d’être ainsi harcelée, les rabroue mais pourtant, lorsque l’on ira à l’Angap pour choisir notre guide, celui qui nous avait repéré s’impose d’office comme « notre guide », sans qu’on ait vraiment notre mot à dire. Ce genre de méthode nous irrite… Autre signe caractéristique du tourisme : un petit supermarché, alors qu’il n’y en a pas dans des villes nettement plus importante.
Si ce parc, outre son cadre naturel qui nous donne l’impression de visiter les montagnes rocheuses ou le grand canyon et les paysages qui nous donnent l’impression d’être au Far-West, n’a vraiment rien d’exceptionnel (on n’a par exemple pas vu le moindre lémurien ici, soi-disant que c’est pas la saison des fruits…) il est par contre beaucoup plus cher que les autres.
Naïvement, nous avons demandé à notre guide pourquoi ici, à Isalo, tout était cher, très cher, beaucoup plus cher qu’ailleurs à Madagascar. Ils m’ont répondu que ce n’était pas vrai, que ce n’était pas plu cher qu’ailleurs, et se sont insurgés quand je leur ai dit que l’entrée des parcs et le prix de guide était ici trois fois plus cher qu’ailleurs. « Mais ce n’est pas vrai, les tarifs sont nationaux, ils sont les mêmes dans tous les parcs de l’île, m’ont-ils répondu ! » Nous leur avons alors montré nos billets d’entrée des parcs de Marojejy (20.000 ariary pour 3 jours) et du parc de Nosy Mangabe (10.000 ariary la journée). Ici, c’est 25.000 la journée… Nous aurions aimé qu’ils soient sincères, qu’ils nous disent simplement que comme 80% des touristes à Madagascar passent par le parc de l’Isalo, hé bien forcément, ils en profitent pour augmenter les prix. Mais au lieu de ça, ils se sont contentés de jouer les étonnés, et de dire pour finir que ce devait être une opération de promotion pour faire connaître le parc de Marojejy, plus récent que les autres. C’est surtout que Marojejy, avec ses 900 visiteurs par an, malgré sont incomparable richesse naturelle, n’est pas en mesure de rivaliser avec l’Isalo
C’est aussi ici que nous avons eu la chance de profiter des premières soirées d’orage de la saison des pluies. Les orages sont violents, bien plus violent que tous ceux que nous avions connu jusqu’ici en Europe, et les détonations, amplifiées par la formidable caisse de résonnance formée par les montagnes volcaniques et les larges vallées, résonnent comme des bombes, faisait trembler le sol et provoquant une coupure d’électricité qui ne sera pas rétablie de la nuit. A la lueur de la bougie, nous nous regardons et n’en menons pas large.
Encore une facette intéressante de Madagascar à découvrir.

L’ONG Bel Avenir
A Mangily, nous avons découvert une association qui développe des idées en accord avec les nôtres. Créée en 2003, l’ONG Bel Avenir possède trois sites à Madagascar : un à Tuléar, un à Mangily/Ifaty et le dernier à Fianarantsoa.
Nous avons tout d’abord découvert celui de Mangily où ils viennent d’achever un hôtel-restaurant solidaire (les bénéfices sont entièrement reversés à l’ONG) qui d’ailleurs devrait bien fonctionner en 2011. Outre l’hôtel, il y a un centre de vacances pour les enfants qui viennent des écoles des alentours (dont certaines sont gérées par l’ONG) en classes vertes pour découvrir la nature, les animaux et être sensibilisés à l’environnement. Ils possèdent également une plantation de Moringa à base duquel ils font un complément alimentaire pour palier à la malnutrition, des animaux, une réserve forestière de 12 hectares et un potager bio dont les légumes servent à la cantine des classes vertes et au restaurant.
Le site de Tuléar est situé dans l’unique cinéma, géré par l’ONG, et organise des activités pour les élèves des écoles du secteur. Outre le cinéma, l’ONG gère ici deux écoles, l’école des salines et l’école du saphir, fait des expositions et possède une station de radio. Le site de Tuléar est l’antenne principale de l’ONG à Madagascar.
A noter que suite à un accord avec le responsable des deux écoles, des échanges de correspondances avec des écoles Françaises vont être mis en place, comme nous l’avons déjà fait pour une autre école à Diégo.
Dernier site que l’on a visité, celui de Fianarantsoa, où c’est cette fois une ferme-école qui a été créée. Elle accueille environ 80 élèves âgés de 16 à 23 ans dans le but de les former de manière plus efficace et plus respectueuse de l’environnement aux métiers agricoles (riz, potager, porc et volaille) aussi bien qu’à la menuiserie, la maçonnerie ou, pour les filles à la tenue d’une maison (leur but étant d’apprendre des choses utiles pour leur vie de tous les jours et conformes aux codes de la société malgache). En demi-pension, les élèves se nourrissent avec ce qu’ils plantent et doivent s’autogérer. Ils ont également une bibliothèque et pour les travaux divers, l’ONG emploie d’autres associations et écoles. Le week-end, des classes vertes sont organisées et durant la semaine, les écoles du quartier viennent pratiquer leurs activités sportives gratuitement sur les terrains de foot et de basket, puisqu’ils n’en ont pas à disposition dans les écoles ni dans la ville.

L’architecture malgache
Il est toujours intéressant, dans un pays, de s’intéresser à l’architecture et même si celle de ce pays jeune n’est pas aussi impressionnante que celle de France, elle n’en reste pas moins intéressante.
Les architectures en dur sont rares et sommaires à Madagascar. Outre les bâtiments publics datant de la colonie (écoles, mairies…), il n’y a pas grand-chose. On remarquera cependant la très belle vieille ville haute de Fianarantsoa avec sa cathédrale et ses rues pavées. Au temps de la royauté, les bâtiments en dur étaient tout simplement interdits, réservés aux usages royaux.
La plupart des maisons, aujourd’hui encore, sont donc bâties avec des matériaux naturels. Un simple toit en tôle est signe de richesse ! Il est intéressant par contre de constater que l’architecture change d’une région à l’autre.
Dans le Nord, la plupart des cases sont en bois avec le toit en paille dans les agglomérations. En campagne, elles sont la plupart du temps en falafy et en bobo, c'est-à-dire qu’elles sont construites avec les palmes (pour le toit) et avec les tiges (pour les murs) d’une unique espèce de palmiers : l’arbre du voyageur.
Dans le sud par contre, et en particulier dans les environs de Fianarantsoa, les maisons sont en terre avec un toit en paille : ici, l’arbre du voyageur ne pousse pas, le sol est bien trop sec. Dans la ville elle-même, les murs sont généralement plus épais et les toits sont en tuiles. Nous retrouverons à Tuléar et à Manakara les cases, mais elles sont généralement construites en bois, et le toit est confectionné avec une aracée particulière, « les oreilles d’éléphant ».

La langue orale et écrite gasy
Plutôt que « du » malgache, nous devrions plutôt parler « des » malgaches. En effet, le malgache est composé de dizaines de dialectes, avec certes une base commune, mais une prononciation et des expressions radicalement différentes d’un bout à l’autre du pays. Il est par exemple fréquent de voir un malgache de Tana ne pas comprendre un malgache du Sud, du Nord ou de l’Est. Entre ceux du Nord et ceux du Sud, la difficulté est plus palpable encore. Et pire que de ne pas se comprendre, il y a aussi la possibilité de se comprendre mal. Les quiproquos sont fréquents quand on sait que parfois, pour une ethnie une expression voudra dire quelque chose tandis que pour une autre ethnie, l’expression en question signifiera l’inverse. Comme dans beaucoup de pays, la langue considérée comme langue officielle est le malgache de la capitale, celui de l’ethnie du centre des haut-plateaux, les merinas (prononcer « mern »), ce qu’ont souvent du mal à accepter les autres ethnies.
Concernant la prononciation des mots écrits, en revanche, il n’y a pas de grandes difficultés : la plupart des mots se prononcent comme en français, si ce n’est que certaines syllabes ou certaines lettres ne se prononcent pas (notamment quand elles sont situées en position finale dans un mot), que le « o » se «prononce « ou » et le « s », « ch ». Cet état de fait n’est pas forcément très étonnant : la langue malgache, très jeune au regard des langues latines utilisées en Europe, fut avant tout au départ une langue orale. Les premiers à avoir introduit l’écriture à Madagascar sont les arabes : tous les textes anciens (essentiellement des textes royaux) sont écris en signes arabes (mais bien évidemment pas en arabe, c’est la langue malgache qui a été transcrite en arabe). Par la suite, c’est au tour de la France de coloniser Madagascar, et d’imposer son propre système de transcription de l’oral. Les signes arabes, depuis lors, ont été remplacés par des signes latins (ceux utilisés en Europe occidentale), et la langue malgache orale transcrite selon les règles de prononciation française. Avec le temps, la langue orale a un peu évolué vers une forme plus compacte, des lettres ou même des syllabes ont été « mangées », mais l’écriture n’a pas changé : voilà pourquoi aujourd’hui, toutes les lettres ne se prononcent pas, loin de là…

L’esprit de Noel
Certains malgaches, ayant subi les influences de la France et des religions occidentales, fêtent Noël. Cependant, même si certains ont un sapin de Noël, il y a peu de décorations tout simplement parce que ce n’est pas dans les mœurs. C’est surtout la messe de minuit qui est très populaire. Le repas cependant reste similaire avec de la dinde ou de la volaille, et familial. Mise à part les quelques supermarchés ou grands hôtels de la capitale, les guirlandes et autres lumières sont inexistantes.
Pour notre part, ajouté à cela la température approchant parfois les 40° à l’ombre, nous n’avons vraiment senti l’ambiance de Noël qu’à Orly !

Le retour à Tana
Pour les derniers jours qu’il nous restait avant de rentrer en France, nous sommes revenus dans la capitale pour prendre notre avion.
Nous en avons également profité pour travailler une dernière fois avec l’association Mad’arbres et leur club du mercredi, ainsi que pour mettre à jour nos notes personnelles de voyage. Nous sommes également repartis dans la ville pour découvrir la grande friperie près du stade et apercevoir au loin la nouvelle mairie entièrement financée par la région Ile de France et qui, il faut bien le dire, n’était pourtant pas la première urgence… De grandes fêtes fastueuses ont d’ailleurs été organisées pour l’occasion ainsi que des feux d’artifices géants dans toutes les capitales de région. En même temps que l’inauguration de la mairie de Tana, c’est la nouvelle constitution de Madagascar, décrétée par le dictateur en place, Andry Rajoelina, qui était fêtée. Certes, il y a eu un référendum pour cette constitution. Mais il est facile de réaliser à quel point les foules ont été manipulées.
Ce faste nous fait penser à la Corée du Nord : le peuple crève de faim mais des fêtes géantes sont organisées pour le divertir et l’empêcher de penser à autre chose. Si encore les feux d’artifices nourrissaient les gens… Sans doute faut-il voir dans ces excès un signe plus patent encore de dictature. Pourtant, il est évident que Madagascar n’a pas les moyens pour organiser cela. En fait, ces festivités dans tout le pays ont été payées par les importateurs chinois, qui ont négocié à la place la levée des taxes de douane de leurs produits… Il est évident que le pays a plus besoin de feux d’artifices géants plutôt que de taxes d’importation !
Autre événement à relever dans la ville : avec l’approche des fêtes de plus en plus de vol sont perpétrés par des pickpockets dans les rues. Nous en avons d’ailleurs croisé régulièrement, ainsi que de nombreux malgaches qui nous mettaient en garde. Heureusement, nous avons désormais pris l’habitude de repérer les voleurs de loin.
Tana reste donc, pour nous et pour la plupart des européens rencontrés (mais pas pour tous), une ville peu agréable où règne l’insécurité et la pollution.


Et voilà notre dernière newsletter narrant notre périple. En espérant que cela vous ait plu, nous vous retrouverons très bientôt pour la suite des événements et des actions de l’association.
La prochaine lettre tentera de faire un bilan de ces trois mois à Madagascar, évoquera les actions entreprises par l’association depuis notre retour en France, et fera un point sur les projets d’Objectif Mada.
Si ces aventures vous ont plu, sachez qu’un livre illustré est en préparation. Il vous faudra cependant encore vous armer de patience pendant quelques mois.
A très bientôt.
Stéphanie et Simon.

jeudi 10 mars 2011

Première intervention en école

Une première intervention en école qui s'est très bien passée.
Victime de notre succès nous sommes restés beaucoup plus longtemps que prévu. Les élèves de CM1-CM2 avaient beaucoup de questions, ont retenu la plupart des choses qu'on leur a expliqué lors de notre présentation et leur raisonnement était vraiment pertinent.
Curieux, ils se sont passionnés pour les lémuriens malgaches, la flore et les caméléons et ont été très touchés par les conditions de vie des enfants là-bas.
Une belle rencontre en somme. Un grand merci à eux pour leur enthousiasme et à leur directrice pour son accueil !

jeudi 3 mars 2011

De l'actu

Le planning de 2011 se remplit petit à petit.
Outre des interventions dans les écoles partenaires entre Charente-Maritime et Doubs en Mars et Mai, l'association développe d'autres projets et partenariats qu'elle espère intéressants.
La newsletter 5 très en retard devrait arriver prochainement.
Le site va entièrement être remis à jour et modifié.
L'association a également participé à un projet avec des lycéens sur la potabilité de l'eau dans les pays pauvres.
Des articles et interviews ont été faits récemment, nous n'hésiterons pas à vous les diffuser.
Et bien d'autres choses encore, nous vous informerons au fur et à mesure.

A très bientôt,
L'équipe d'Objectif Mada.

mardi 4 janvier 2011

Bonne année à tous !

Toute l’équipe d’Objectif Mada vous souhaite la bonne année et espère vous retrouver tout au long de 2011 !

 

A très bientôt !

 

 

samedi 18 décembre 2010

Newsletter n°4

Newsletter numéro 4, Novembre 2010 : la côte Est



De Diégo à Sambava

La piste d’Ambilobe à Vohémar est l’une des pires de tout le pays avec ses ornières de près d’un mètre de haut et ses rochers de toutes sortes à franchir. Il faut ainsi 18h pour faire les 450km qui séparent Diégo de Sambava (en 4x4 benne, de surcroît…) dont 12h pour faire les fameux 150 km de cette piste, on vous laisse faire le calcul du km/h …

Sambava est la ville principale de la région de SAVA, elle est bercée par la récolte du café, celle de la vanille (dont la capitale est Antalaha, la ville voisine), du litchi et par l’océan indien qui la borde. C’est une ville construite tout en longueur le long de la route principale (il n’y a pas eu de plan d’urbanisme !) mais qui contrairement à d’autres villes, semble plutôt riche avec de jolies maisons. On relève cependant quelques séquelles de la dernière crise politique, notamment le supermarché, appartenant à l’ancien président, qui a été pillé avant d’être brûlé…

Une bonne initiative, ici même s’ils sont en surnombre, les taxis jaunes et rouges forment une union tarifaire, avec les tarifs officiels affichés dans toutes les voitures. C’est d’autant plus intéressant que les tarifs par personne sont corrects, sauf pour l’aéroport où ils sont multipliés par 3. Pour notre part on a rusé, on s’est fait déposer devant l’aéroport, et non pas dans l’aéroport. Puis on a eu à marcher quelques centaines de mètres seulement.



Marojejy et les parcs nationaux malgaches

Marojejy (signifiant « beaucoup d’esprits ») est le parc national le moins fréquenté de Madagascar et pourtant sans doute l’un des plus beaux, avec le célèbre lémurien blanc et les gentilles sangsues… Par où commencer pour décrire ce parc ? Après plusieurs heures de marche à travers les villages périphériques et les rizières voisines, nous entrons dans une somptueuse forêt primaire tropicale humide qui présente la particularité de s’étendre sur 2000m d’altitude, offrant ainsi une palette de climats et de végétations extrêmement variée, et une diversité faunistique très rare dans ce type de milieu : 260 espèces de fougères (dont 18 arborescentes), 30 de palmiers (dont 6 qu’on ne trouve qu’ici…), 147 espèces de reptiles et d’amphibiens, 115 d’oiseaux, 11 de lémuriens,… En même temps, nous sommes projetés dans un autre univers : ici, presque tout est endémique. Des insectes tous plus étranges les uns que les autres volent autour de nous. Probablement certains d’entre eux n’ont encore jamais été découverts, jamais été officiellement nommés : nous avons l’impression d’être dans un rêve éveillé, entourés de créatures multicolores tirées des songes. Hormis quelques scientifiques et touristes, nous sommes seuls au milieu d’une forêt qui vit sans nous. Pas de pollution, une eau claire et pure, des lémuriens de toutes sortes qui nous regardent avec curiosité, nous y sommes. Pendant 3 jours, nous avons découvert une piscine naturelle, vécus au rythme du soleil en pique-niquant et en dormant dans des petites cabanes en bois ou encore découvert la très belle cascade de Humbert, du nom du naturaliste français qui découvrit tardivement le site, en 1948. La seule anomalie serait peut-être les toilettes qui ressemblent presque à des toilettes traditionnelles ! Nous avons grimpé pour observer tous les animaux, des caméléons les plus farfelus aux insectes les plus originaux. Nous avons moins aimé par contre retirer les sangsues agrippées à notre peau (au bout de la 8éme qui met du sang, notre sang, partout quand on l’arrache, on commence à en avoir marre…)

Notre ultime récompense reste cependant d’avoir vu le lémurien blanc (et un de leur bébé !), le fameux propithèque soyeux ou Simpona, que l’on ne trouve que dans ce parc, après 2 jours de marche, la pluie, les bleus et autres douleurs musculaires. Mais quelle récompense ! Ce parc reste donc un de nos meilleurs souvenirs ici…



Maroansetra, le bout de tout

Il faut du courage et de la patience pour arriver à Maroansetra par la route. Quatre jours minimum de marche depuis Antalaha (aucun véhicule à 2 ou 4 roues ne peut passer !), ou bien 3 jours de taxi-brousse si tout se passe bien depuis Tamatave. Le bout du monde, donc. On peut cependant y accéder en avion (pour ceux qui ont un peu d’argent) et en bateau pour les très courageux : les vagues peuvent atteindre 6 mètres de haut (!) et il y a souvent des accidents mortels.

Maroansetra (prononcez Marounset’) est une petite bourgade sympathique où l’on côtoie des malgaches accueillants et où toutes les rues sont en sable, faute de moyens pour réhabiliter les larges allées de type colonial que l’on peut encore imaginer. Il y a malgré tout l’électricité et le téléphone mobile. Il ne faut cependant pas courir les restaurants et autres activités, car il n’y a pas grand-chose à faire.

C’est le lieu privilégié pour les personnes qui souhaitent se reposer loin de tout, ou le point de départ de l’aventure pour tous ceux qui veulent aller à Masoala, le plus sauvage des parcs nationaux de Madagascar (malgré les nombreuses expéditions scientifiques qui y sont menées chaque année, de larges régions n’ont encore jamais été explorées et apparaissent en blanc sur les cartes). Il y en a pour tous les goûts et tous les prix, de la petite balade d’une journée au grand treck de plusieurs semaines tout autour de la péninsule.

La plage est à quelques kilomètres, tout comme l’aérodrome. Il s’y dégage une odeur de bien-être, même si la pauvreté et le problème de scolarisation des enfants dont nous vous avons parlé précédemment sont ici bien présents.



L’image « vasaha »

Comme à Tana et dans n’importe quel endroit du pays, les vasahas sont repérés dès leur entrée dans la ville. Ce sont surtout les enfants qui nous abordent de prime abord avec un « Bonjour vasaha ! », tous fiers de savoir parler un peu français.

Certains restent cependant sur la défensive avec un timide bonjour lancé dans notre dos après notre passage, comme si les « blancs » étaient à la fois admirés et craints. Rares sont les touristes qui ne se lassent pas rapidement de cet état de fait. Les parents nous montrent du doigt à leurs bébés (qui s’appellent tous zaza en malgache puisque, forte mortalité oblige, ils ne sont pas nommés avant leur 1 an) comme si nous étions des animaux de foire. Ils disent en malgache : « ho, regarde, un vasaha », comme nous pourrions nous-mêmes nous extasier devant un lémurien ou un caméléon. Puis les bébés s’entraînent à prononcer le célèbre « bonjour vasaha », avec plus ou moins de facilité (comme ils apprennent chez nous à dire « papa » ou « maman ») afin d’être prêts à le prononcer parfaitement dès leur plus jeune âge.

D’autres enfants ne perdent pas le nord et nous demandent très rapidement de l’argent, ou des bonbons. Ce que nous préférons, même si nous n’avons ni l’un, ni l’autre. Notre nouveau défit est de leur parler correctement malgache pour qu’ils soient bluffés, et ça marche ! Mais il ne faut pas trop qu’ils commencent à nous répondre en malgache parce que là, ça devient nettement plus difficile. Peut-être un jour saurons-nous parler couramment le malgache…

Dans tous les cas, il est quasiment impossible ici de passer inaperçus, ne serait-ce qu’à cause de notre couleur de peau, et nous sommes dès lors une véritable attraction. En descendant vers le Sud, beaucoup plus touristique, nous constaterons que c’est encore différent : les touristes ont mal habitué les malgaches avec des cadeaux non justifiés qui incitent à la mendicité et n’aident pas au développement économique. Si nous passons donc un petit peu plus inaperçus (tout est relatif…), nous sommes en revanche beaucoup plus sollicités pour de l’argent ou par des rabatteurs cherchant à nous vendre tout un tas de choses.



La conscience politique

La politique ne fait pas partie des préoccupations de la plupart des malgaches. Beaucoup d’entre eux ne vont pas voter et ceux qui le font suivent souvent la mouvance sans grand intérêt.

Il y a quelques années, un ministre est venu dans le nord et a demandé aux habitants de Diégo (dont la pauvreté n’est pas négligeable) ce qu’ils voulaient. Ces derniers ont demandé la télé publique… et l’ont obtenue ! L’anecdote peut laisser songeur quant à la capacité et la volonté d’action d’un politicien dans ce pays, et surtout l’intérêt de la télévision lorsqu’on a rien…

Dans la même registre, le député local n’a eu, pour être réélu aux dernières élections, qu’à promettre lors de ses meetings d’organiser un grand bal populaire gratuit et ouvert à tous juste après la tenue des élections.

Des exemples comme ceux-ci, nous en avons encore beaucoup, et nous en reparlerons probablement dans d’autres écrits.



Nosy Mangabe

Nosy Mangabe est une petite île au large de Maroansetra, qui fut le fief du pirate John Avery. Elle a été découverte par des marins hollandais au 17ème siècle et l’on y trouve encore des inscriptions datant de l’époque, notamment sur des rochers qui servaient de… boîte postale ! Aujourd’hui classée parc national de Madagascar et gérée par l’Angap, on trouve sur cette île 4 espèces de lémuriens : le Vari noir et blanc, le lémur fauve albifrons plus petits et le Aye-Aye ainsi que le microcèbe, tous deux nocturnes. Comme nous n’y sommes allés qu’une journée nous n’avons vu que les 2 premières espèces, mais la rencontre était d’une extrême richesse. Les premiers ont un cri d’une puissance inouïe, qui s’entend à des kilomètres à la ronde, franchement impressionnant en pleine forêt primaire. Les seconds ressemblent à de petites peluches et sont vraiment adorables ! Nous avons eu la chance d’observer de longues minutes une famille avec le petit accroché au ventre de la mère et nous sommes vite devenus fans.

A Nosy Mangabe, il y a aussi des geckos plats (les uroplatus), incroyablement doués en camouflage, des lézards de toutes sortes de 4 cm à 30 cm, des araignées aussi grosses qu’une main et de toutes petites grenouilles pas plus grosses que la première phalange d’un doigt (les mantellas). Une diversité époustouflante… On y trouve également le tombeau d’une très vieille famille malgache qui vivait sur cette ile et a souhaité être enterrée là.



Mananara et les Aye-Aye

Mananara est une petite bourgade à mi-chemin entre Maroansetra et Tamatave, à une journée de route au sud de Maroansetra, c'est-à-dire à 150km (avec une moyenne de 10km/h…).

Pour se rendre à Mananara, on doit prendre une improbable piste qui constitue l’unique route de Maroansetra ! Comme le taxi-brousse était complet, nous avons eu la chance de voyager, à l’arrière, dans la benne avec 12 autres personnes… En toute honnêteté, on nous a dit que nous étions des Warriors d’avoir fait ça. La route est un chemin qui aurait pu être créé pour satisfaire le côté Indiana Jones des touristes, parce qu’en fait, il n’y a pas de route. Par moment, c’est un amas de rochers. D’autre fois, la piste n’existant plus ou le pont étant coupé, il faut traverser par la plage et donc marcher à côté pour alléger le véhicule. On a dû autant marcher que rouler, ce qui n’est pas plus mal, parce que ça nous a évité des bleus supplémentaires. Le plus spectaculaire, outre les magnifiques paysages, c’est les bacs que nous avons pris : 10 bacs rien que pour aller jusqu’à Mananara. Certains sont en métal, avec un moteur, plus ou moins fidèles à l’image traditionnelle qu’on se fait d’un bac. D’autres ne sont qu’un amas de bambous accrochés entre eux, et poussés à l’aide d’une perche comme les gondoles de Venise. En montant dessus, le 4x4 s’y enfonce parfois de près de vingt centimètres et nous faisons donc la traversée les pieds dans l’eau, sauf lorsque nous passons à côté, sur les débris d’un pont pendant que le 4x4 est sur le bac. Tout simplement mémorable ! Pendant près de 300 km (deux jours !), c'est-à-dire jusqu’à mi-chemin de Tamatave, ce sera pareil. On a même vu un grand bac poussé par un moteur de petit bateau ! Cette route est donc à conseiller pour tous les adeptes d’aventures et de somptueux paysages.

Nous nous étions arrêtés à Mananara pour aller visiter le parc des Aye-Aye, sur une île. Du pittoresque à souhait ! La ville en elle-même n’a rien de bien intéressant puisqu’elle reste un carrefour, ou plutôt une halte entre Tamatave et Maroansetra. Mais l’île privée est fort sympathique. Nous y sommes rendus en moto, avec le propriétaire des lieux (bien sur sans casque, puisque presque personne n’en a à Madagascar…), puis en pirogue (qui, comme à la plupart des pirogues, fuyait). Nous étions assez contents de voir que la traversée n’était pas très longue lorsque le piroguier s’est mis à vider l’eau à la kapoka !

Sur l’île, nous avons pu goûter le lait de coco, sur des noix de coco fraîchement coupées, en attendant la nuit. Après de longues minutes, le premier Aye-Aye est enfin sorti de sa cachette et a commencé son rituel quotidien pour se réveiller et aller manger. Nous avons eu la chance de les observer durant près d’une heure, ce qui fut une jolie expérience parce qu’il est rare et très difficile à apercevoir !



Le taxi-brousse et les transports malgaches

C’est toute une aventure. Nous vous en avions déjà parlé, mais les mauvaises conditions de transports se sont confirmées par la suite. A Madagascar, le meilleur moyen de transport reste l’avion mais il est très couteux, surtout pour un malgache. Il y a également deux lignes de chemins de fer qui prennent des passagers mais faute de moyens, elles tournent au ralenti. Il y a par exemple la ligne Tamatave/Moramanga, qui sert principalement pour les transports de marchandises mais qui prend également des passagers. Il faut compter 12h pour faire le trajet en train, là où un taxi-brousse met 7h : le choix est donc souvent vite fait, sauf si on le prend pour des raisons touristiques. Le train Fianarantsoa-Manakara, que nous prendrons plus tard, est assez connu justement pour son coté touristique.

Le taxi-brousse existe en deux versions :

- la « zone nationale », trajets pour lesquels il n’y a légalement qu’un passager par siège (sauf les enfants qui ne comptent pas…), soit théoriquement 14 passagers maximum. En réalité, bakchich aidant, il peut y en avoir beaucoup plus (pour exemple, le trajet Tana-Diégo que l’on a fait en octobre…)

- la « zone régionale », où le taxi-brousse fait office de « bus » entre deux villes relativement proches et en tout cas dans la même région. Là, ils peuvent légalement charger 4 personnes de plus, une par rangée, assise entre deux sièges, pour faire monter l’effectif total à 18. Là encore, bien sur, les enfants ne comptent pas et tout ça n’est que théorique puisqu’il nous est déjà arrivé d’être tassés à 32 sur un trajet régional… Ces transports régionaux sont par ailleurs soumis à une concurrence très rude et lorsqu’on arrive à pied ou en taxis aux abords d’une gare routière, les rabatteurs (qui nous promettraient presque de nous emmener au bout du monde pourvu que l’on ne choisisse pas le concurrent) rivalisent d’ingéniosité pour que l’on s’intéresse à eux. Certains vont même jusqu’à s’inviter dans votre taxi (qui roule au pas à cause des embouteillages…) pour indiquer au taxi où se trouve leur bureau, sans jamais vous demander votre avis ! Nous, on en profite pour négocier dur, et bien souvent ils préfèrent consentir à une réduction plutôt que de perdre deux clients. Ensuite, c’est souvent un véritable rodéo qui s’engage sur la route pour doubler le taxi-brousse de devant et ramasser les clients avant lui ! Très impressionnant…

Bref, de tous les transports malgaches que nous ayons pris, cyclo-pousse, taxi bé (bus), taxi, taxi-brousse régional ou national, avion ou pirogue, il n’y en a pas un seul qui ne soit pas anecdotique.



De Mananara à Tana : le parc d’Andasibe

Après un bref passage à Tamatave où il a fallu lutter pour ne pas se faire dépouiller par les cyclo-pousses qui n’hésitaient pas à gonfler la note à l’arrivée (Stéphanie a d’ailleurs appris le mot Mpangalatra qui signifie voleur, pour tout dire…), nous avons pris le chemin d’Andasibe et là, ce fut un changement de décor complet !

On peut en effet comparer Andasibe à une ville du far-west (avec ses habitations en bois, ses planches qui craquent, ses bars-saloons d’où John Wayne pourrait sortir, pistolet à la main, son train et sa jolie gare malheureusement vide…) qui serait perdue dans le massif central ! Ici, en effet, il y a des pissenlits dans les bas-côtés verdoyants, et les routes en lacet sont aussi bien goudronnées que nos départementales françaises. Avec de la pluie et des matinées bien fraîches, nous étions contents d’avoir apporté nos ponchos et nos pulls. Nous nous y sommes arretés pour voir la deuxième équipe de Mad’arbres avec qui nous avons pu bien discuter (Simon a d’ailleurs testé leurs attractions) et surtout pour voir le parc avec les Indri-indri, des lémuriens dont les chants matinaux ressemblent beaucoup à ceux d’une baleine. Magique ! Pour visiter, nous avons choisi de passer par l’association Mitsinjo que nous connaissons via Mad’arbres. Mitsinjo lutte contre la déforestation et pour le développement de l’économie locale. Prendre un guide de cet organisme était pour nous beaucoup mieux que de passer par l’Angap. Et nous n’avons pas été déçus puisque notre guide nous a montré les indri-indri de très près (dont une femelle avec son petit dans le dos) et de nombreuses espèces de plantes et d’insectes. Lors d’une visite nocturne, nous avons pu voir le Microcèbe qui comme son l’indique n’est pas plus grand qu’un cochon d’inde. Nous avons même eu la chance de rencontrer quelques sangsues…

A Andasibe, nous avons été accueillis dans les chambres d’hôtes d’une famille assez exceptionnelle qui nous ont fait découvrir leur passion pour la musique à travers un mini-concert : un grand moment !

Puis est venue l’heure du départ avec un bref retour vers Tana pour prendre un taxi-brousse direction le sud.

Pas encore de photos cette fois, ce sera pour la prochaine newsletter !

En espérant que cette 4ème newsletter vous ait plu, nous vous disons à bientôt pour la suite de nos aventures entre Manakara et Tuléar !

A bientôt,

Simon et Stéphanie

jeudi 2 décembre 2010

Objectif Mada Newsletter n°3

Newsletter n°3, 30 octobre 2010 : de Diégo à Nosy Be



Le temps passe si vite… et les connexions internet ne sont pas toujours au rendez-vous. C'est la raison pour laquelle cette newsletter, si elle est datée du 30 octobre, risque d'arriver bien plus tard dans vos chaumières. Nous avons décidé de rester un peu plus longtemps à Diégo-Suarez : cette ville est bien plus agréable que la capitale malgache, et nous avions envie de comprendre en profondeur les habitants de cette région. Cela nécessite de mettre de coté le taxi-brousse quelques temps, et de privilégier la marche à pied à travers la ville. Nous avons cependant eu l'occasion durant notre pause Diégo-Suarienne d'aller faire un tour en brousse, du coté de la très touristique île de Nosy be, mais côté grande île, en face, nettement moins touristique. L'occasion pour nous de rencontrer une nouvelle réalité, un nouveau peuple, une nouvelle façon de vivre : le monde de la brousse malgache.



L'Hermitage et la brousse

L'Hermitage plage est ce que l'on pourrait appeler un hameau de quelques maisons seulement, perdu sur la plage d'une presqu'île paradisiaque, face à l'immensité de l'océan et à trois îles de tailles variables : Nosy Be, Nosy Komba et Nosy Fany.

Ici, on appelle ça la brousse. Bien sur, ici, pas d'eau courante ni d'électricité. Parfois, le réseau de téléphonie mobile arrive à se faufiler. On trouve alors des commerces de recharge de téléphone portables, qui chargent les téléphones de ceux qui en ont à partir de batteries, pour quelques centaines d'ariary (quelques centimes d'euros). Les vasahas qui y habitent ont souvent un groupe électrogène ou des panneaux solaires et un puits avec un château d'eau. Les villages voisins sont tous composés de cases en falafy et en bobo : ce sont les feuillages de l'arbre du voyageur (une espèce de palmiers) qui sont utilisés pour le toit et les tiges de ce même arbre pour les murs. Faute de puits, ils ont une fontaine publique payante et faute de groupe électrogène, ils s'éclairent avec des lampes à pétrole. L'association Coup de pouce a cependant mis en place un lampadaire solaire (qui peut aussi servir à recharger les téléphones) aux abords d'un champ faisant office de stade.

Les malgaches sont très attachés à leur case en falafy. C'est leur type d'habitation typique, facile à construire et peu cher. Même lorsqu'ils en ont la possibilité, ils n'en changent pas pour autant. Par ailleurs, les cyclones faisant souvent des ravages dans cette partie du globe, mieux vaut ne pas trop investir dans sa maison : elles sont légèrement surélevées pour laisser passer l'eau en période de pluie et se reconstruisent facilement. Dans les villages le long des routes, seuls les bâtiments publics (mairie, école…) et parfois certains commerces sont en dur.

Tous les champs de culture ainsi que les habitations sont entourées de barrières en bois : ce sont des clôtures à Zébus et à chèvres ! Mais contrairement à ce qu'il se fait en France, ces clôtures ne servent pas à confiner le bétail dans un lieu précis : ceux-ci, comme partout à Madagascar, sont libres de déambuler où ils veulent, et de manger l'herbe des bas-côtés aussi bien que celle des champs. Les barrières ne servent qu'à les empêcher de manger les plantes ornementales aux abords des maisons ou les cultures d'artichaut et de citronnelle… Un autre concept, assez drôle pour nous !

Au petit matin, ce n'est pas par les coqs que nous sommes réveillés ici, mais plutôt… par les cris des makis qui profitent de la fraicheur matinale et du fait que les humains dorment encore pour venir manger quelques mangues, ainsi que par les aboiements de chiens qui, visiblement, n'aiment pas trop ces lémuriens. Mais ça reste sympa d'entendre les lémuriens, et c'est un réveil quand même assez original. Et si on ne se lève pas trop tard, on a souvent l'occasion d'en croiser 6 ou 7 dans les arbres environnants.



Nosy Be

Parce que si, on est quand même allés y faire un tour. Nosy be, c'est une grande île très touristique et très européanisée. Il existe même un aéroport international et de nombreux hôtels en ont profité pour s'y installer. Au final, pas grand-chose à faire à Hell-Ville, la capitale de l'île, vestige de la colonisation qui vit sur ses acquis. Comme ailleurs à Madagascar, l'ancienne empreinte colonialiste est bien présente. Tout le long de la route qui mène du port au centre-ville, on remarque les superbes demeures du temps de la colonie, aujourd'hui en état de décrépitude avancées. Avec un peu d'imagination, on réalise ce que devait être cette grande avenue boisée… Les fonds marins sont parait-il particulièrement jolis aux abords de l'île, mais on n'a malheureusement pas eu le temps d'aller faire de la plongée… L'île est également recouverte de forêts où se cache quelques trésors dont de nombreuses cigales qui font tellement de bruits qu'on les entend jusqu'au large !



L'administration malgache

On pourrait la comparer à la version française de l'administration, dont elle est directement inspirée, mais en plus complexe (c'est pour dire !) Comme il n'y a pas de budget, le personnel manque, les dossiers se perdent, et la corruption règne en maître à tous les étages. Le notaire a son bureau au sein même du tribunal ; il y a un tribunal dans chaque ville principale. La population, par manque de connaissance, est souvent démunie face aux problèmes administratifs auxquels elle est confrontée. Heureusement, il reste les bureaux d'informations à l'entrée qui sont là pour les aider. Ils ont été créés en 2007 avec l'aide de l'Union Européenne, mais ils ne sont pas forcément très fréquentés.

L'acquisition d'un titre de propriété en est un bon exemple. Tout d'abord, quelqu'un qui n'a pas la nationalité malgache ne peut pas devenir propriétaire à Madagascar, sauf s'il met la propriété au nom de quelqu'un qui a la nationalité du pays (à savoir que la nationalité malgache est curieusement bien plus difficile à obtenir que la nationalité française : elle ne s'obtient pas par le droit du sol, uniquement par le droit du sang). Un non malgache peut cependant avoir un bail emphytéotique, pour 50, 75 ou 99 ans (généralement renouvelable une fois) qu'il peut éventuellement par la suite revendre (plus cher s'il a construit une maison, mais moins cher si le bail touche à sa fin). Par ailleurs, si le terrain reste inoccupé trop longtemps, il arrive que le propriétaire du bail en perde le titre et l'usage…

Pour faire un acte de propriété, il faut donc faire borner le terrain par un agent de l'état, passer devant chez le notaire puis devant l'administration qui enregistre les actes. Chaque étape prend une journée au minimum (plus une quinzaine de jour pour que le service fasse son travail) et il arrive que les différents services administratifs ne soient pas dans la même ville et qu'il faille plusieurs heures de route pour se rendre de l'un à l'autre.

Il arrive que certains terrains soient prêtés par l'état malgache, il suffit d'en faire la demande. Mais il y a alors obligation d'occuper le terrain et de le mettre en valeur avec, par exemple, un établissement touristique. Sinon, l'état récupère rapidement son bien.



Le pillage de Madagascar

A Madagascar, 80% des espèces animales et végétales sont endémiques. Il y a encore 15 ans, Madagascar était un pays luxuriant. Certes, la déforestation était déjà massive. Certes, les lémuriens étaient chassés et la forêt primaire était réduite à une peau de chagrin. Mais les plaines étaient encore vertes, et les forêts (secondaires) prospéraient.

Aujourd'hui, l'exportation illégale de bois précieux vers l'Europe (bois de rose, palissandre) par des étrangers se poursuit tandis que les paysans ne voient pas d'autre alternative à leur survie que l'ancestral tavy, ou culture sur brûlis, pour planter des rizières. Le problème, c'est que le temps de jachère, devenu trop court du fait de l'intensification de la production rizicole (il faudrait au moins 25 ans entre chaque tavy pour que la fertilité du sol ait le temps de se reconstituer) et les trop grandes surfaces sur lesquelles le tavy est pratiqué, conduisent inexorablement à transformer Madagascar en désert. Les sols laissés nus sont lessivés à chaque saison des pluies et après 3 ou 4 années de production rizicole, généralement, il ne reste rien d'autre du sol que la latérite rouge pas plus fertile que de la brique. Partout dans le pays, des montagnes entières, à pertes de vue, sont désormais nues de toute végétation. A la saison des pluies, l'océan indien, à près de 100 km à la ronde autour de Madagascar, devient rouge, couleur de la terre de Madagascar qui fond peu à peu dans l'océan. Officiellement, il est désormais interdit de pratiquer la culture sur brûlis à Madagascar. Pourtant, le phénomène s'intensifie et il ne se passe pas une seule journée, en brousse ou aux abords des villes, sans que l'on aperçoive un feu de forêt. La population paysanne de Madagascar est bien trop pauvre pour pouvoir se projeter ne serait-ce qu'au lendemain. Alors 3 ans, ça leur parait être une éternité. Tous ceux qui ont connu la forêt entre Tananarive et Diégo-Suarez et qui nous parlent aujourd'hui de ce qu'elle est devenue ont pourtant les larmes aux yeux…

La péninsule de Masoala, véritable paradis terrestre, probablement l'un des plus beaux parcs nationaux de l'ile dans lequel tous les ans des missions scientifiques découvrent des centaines de nouvelles espèces animales et végétales, vient d'être pillée de son bois de rose : crise politique oblige, l'armée a été rapatriée à Tananarive, la capitale, pour maintenir l'ordre. Les pilleurs et braconniers s'en sont donné à cœur joie. Les gardes et les guides du parc ont tiré la sonnette d'alarme, mais l'état n'avait pas les moyens d'intervenir : ils se sont retrouvés seuls, face aux braconniers lourdement armés, pour tenter de protéger leur parc naturel. Inutile de dire qu'ils ont échoué, ils n'étaient pas en mesure d'entreprendre la lutte armée qui aurait été nécessaire…

A Andasibe, à 4h de route à l'est de la capitale, où il subsiste un morceau de forêt primaire, la déforestation a aussi fait des ravages et désormais, il n'y a plus que trois massifs forestiers isolés génétiquement. L'isolement génétique met en danger les populations animales et végétales présentes dans ces forêts. Avant la crise politique, des centaines de planteurs menaient une vaste campagne de plantation. Mais le budget de l'état ne permet plus ce genre de financement : le budget de l'ancien gouvernement était constitué à 70% d'aides internationales. Le gouvernement actuel n'étant pas reconnu, les aides internationales sont aujourd'hui réduites à néant : l'intégralité du budget de l'état est donc actuellement consacrée à l'armée (le président de la transition tient à conserver son soutien…) et au payement des salaires des fonctionnaires. L'instabilité politique est le pire ennemi de la biodiversité.

Toujours à Andasibe, une vaste mine de Cobalt et de Nickel vient d'ouvrir : 7 milliards de dollars viennent d'y être investis par une entreprise canadienne qui n'a aucune conscience de la réalité du pays et qui ne veut surtout pas en avoir conscience. Les boues générées par l'extraction sont transportées jusqu'à Tamatave, où elles ne sont pas retraitées mais simplement stockées dans une grande vallée spécialement sacrifiée à cette occasion. Cette vallée est située à quelques centaines de mètres de la mer mais il n'y a pourtant, au dire des « spécialistes » de l'entreprise, aucun risque d'infiltration des produits toxiques vers la mer… En attendant, les malgaches employés par cette usine travaillent 6j/7 et 12h par jour. Heureusement, ils sont très bien payés : 80.000 ariary par mois, soit 30 euros… A quoi servent le nickel et le cobalt, déjà ? Ha oui : à produire des téléphones portables, entre autre.

Pendant ce temps les lémuriens, malgré l'interdiction formelle, continuent d'être chassés et presque toutes les espèces sont menacées. Mais que dire à une population qui ne mange pas à sa faim ? D'autant plus que les chasseurs cueilleurs n'ont jamais été les ennemis de la forêt. Mais aujourd'hui, la déforestation intensive a considérablement réduit l'aire vitale des lémuriens et les a rendus rares. Il est donc essentiel d'arrêter de les chasser. Mais quand on n'a rien d'autre à manger…

La Grande Ile, aujourd'hui, agonise. Demain, Madagascar ne sera plus qu'un immense désert. Certains pensent qu'il n'y a rien à faire, à part faire ses adieux à ce beau pays. Nous restons pourtant persuadés qu'il doit exister des solutions.



La famille malgache

La famille malgache est une véritable communauté. Il y a les parents, les grands-parents, les enfants, les petits enfants. Les cousins et les cousines éloignés font encore partie de la famille proche, et sont désignés comme « frère » et « sœur ». Parfois certaines familles un peu aisées élèvent des cousins et cousines ou les enfants de leurs frères et sœurs. Si le couple ne peut pas avoir d'enfants, il n'est pas rare qu'une sœur de la femme ou un autre membre de la famille lui confie un de ses enfants pour l'élever, surtout si les conditions de vie de l'enfant peuvent être meilleures.

Il n'est pas rare qu'une famille soit composée de 10 ou même 15 enfants : rien d'étonnant dans une société où les moyens de contraception sont peu répandus et où l'enfant est très important. Ainsi, un couple sans enfants est très mal vu, sauf s'il s'agit de jeunes, mais alors leur union est considérée comme peu sérieuse, même s'ils sont mariés ! Souvent, d'ailleurs, les gens qui ont des enfants ne sont plus appelés par leur prénom mais par le terme « père ou mère de untel », ce qui est une marque de respect. Les filles-mères, contrairement à ce qu'il se passe dans la société occidentale, sont respectées et trouvent facilement un mari, car elles ont montré qu'elles étaient fécondes.

Dans le sud de Madagascar, la polygamie encore très répandue, ce qui peut s'expliquer encore une fois par la volonté d'augmenter la taille de la famille.

Les personnes âgées sont également très respectées et ce sont elles qui détiennent l'autorité. Il ne viendrait donc pas aux malgaches l'idée d'envoyer les vieux dans des maisons de retraite même si, dans les grandes villes, il arrive quand même d'en trouver.

La famille malgache est très religieuse (il y a de nombreuses religions ici). De plus, pour eux la mort est une fête et ils célèbrent un enterrement avec musique et couleur. Les morts sont d'ailleurs enterrés dans la demeure familiale dans des endroits richement décorés.

Toutes les cérémonies sont prétextes à la fête et des rituels sont organisés pour chaque événement. Par exemple, lors d'un accouchement, l'aîné de la famille enterre le placenta de la mère sous une grosse pierre.

Il existe également la cérémonie de retournement des morts, très fréquente : cinq ans après l'enterrement, les malgaches déterrent le défunt dont les ossements sont lavés par une personne de confiance du même sexe. Cette personne doit être de confiance pour éviter de jeter un sort sur le mort et par là même, sur toute sa famille. Le défunt est ensuite placé dans un nouveau linceul et dans un tombeau plus petit, généralement en pierre. A cette occasion, une fête est également organisée autour du sacrifice d'un zébu dont les meilleures parties sont données en offrande. Des goûteurs sont chargés de manger le repas, mais selon la légende, les fantômes des ancêtres passeraient avant le goûteur et les mets n'auraient plus de goût !

On constatera d'ailleurs que les fantômes et les sorcières ont une place importante dans la société malgache, mais qu'elles cachent souvent une réalité parfois plus dure à surmonter…



Echange scolaire entre écoles malgaches et françaises

A Diégo, nous avons rencontré la directrice d'une école privée, Les petits lutins. Nous avons choisi cette école pour organiser un échange de correspondances parce que les élèves parlent correctement français et qu'ils ont un niveau scolaire similaire à celui de la France. C'est le compromis que nous avons trouvé, entre les écoles publiques dont les élèves ne parlent pas français pour 80% d'entre eux, et les écoles françaises, très chères, qui sélectionnent une catégorie biaisée de la population malgache ainsi que les résidents français et européens, avec qui l'échange était moins intéressant. Par ailleurs, les écoles publiques ne bénéficient pas des moyens pour avoir un accès à internet et les instituteurs, sous-payés et démotivés, n'ont qu'un mot à la bouche : que vais-je y gagner ? On peut les comprendre puisque bien souvent, leur salaire ne leur suffit par à vivre. Dans ces conditions, ils n'ont malheureusement que rarement envie de faire quelque chose pour leurs élèves. A l'école les petits lutins, l'objectif affiché de l'établissement est que les élèves qui parlent le mieux français intègrent par la suite le lycée français : les élèves ont donc un bon niveau et les instituteurs sont motivés par des échanges de correspondances entre élèves malgaches et français. Nous espérons qu'il sera intéressant pour les institutrices comme pour les élèves. Nous avons mis en place un système pour l'envoi du courrier en passant par une boîte postale pour qu'il soit acheminé ici. L'envoi du courrier est une grande histoire à Madagascar ! Nous suivrons attentivement la suite de cette aventure. Un remerciement tout particulier à David qui nous a bien aidé pour cet échange et par qui devrait transiter le courrier.



Complément d'information sur le taux de scolarisation des enfants

Dans la newsletter 2, nous vous disions, en parlant du travail des enfants, que la majorité allait à l'école. Ce constat s'appuyait sur ce que nous avions pu voir à Tananarive et à Diégo, ainsi que sur les discussions que nous avions pu avoir avec les différents acteurs du milieu. Mais certains chiffres avancent un taux de scolarisation des enfants à Madagascar de 3/10. Intrigués par cette information divergente, nous avons tenté d'y voir un peu plus clair.

Tout d'abord, il semblerait que le taux de scolarité des enfants soit différent en ville et à la campagne : en brousse, malgré la présence de nombreuses écoles, un certain nombre d'enfants n'y vont pas, soit parce que leurs parents ne le jugent pas utile, soit parce qu'ils sont indispensables à la réalisation des travaux des champs. On a aussi vu de jeunes enfants, malheureusement, qui cassaient des pierres aux cotés de leurs parents, dans une carrière…

Ensuite, si la majorité des enfants vont en classe de maternelle et de primaire, un certain nombre s'arrêtent juste après le certificat d'études (qui existe encore à Madagascar !) soit après le CM2. Dans ces conditions, il est logique que des statistiques nationales qui s'appuieraient sur un taux de scolarité des enfants jusqu'à 16 ans (comme ça se fait en France) avancent un taux de scolarisation de 3 pour 10.



Voilà pour cette 3ème newsletter, en espérant qu'elle vous ait plu et en vous disant à bientôt pour la suite de notre périple sur la côté Est, entre Sambava et Tana. Nous n'avons pas pu ajouter de nouvelles photos cette fois-ci sur le site internet de l'association, puisque nous avons dépassé la capacité maximale de téléchargement pour le mois de novembre, et que nous ne sommes pas en mesure de résoudre ce problème inattendu au vu de nos difficultés à accéder à internet depuis certaines localités de Madagascar.

A très bientôt,

Stéphanie et Simon.

mardi 2 novembre 2010

Newsletter n°2

Newsletter n°2, 17 octobre 2010 : De Tana à Diégo…

Bonjour à tous et merci de continuer à suivre notre aventure. Voilà maintenant près de deux semaines que nous avons quitté la capitale de la Grande Ile Rouge (Antananarivo) pour Diégo-Suarez (Antsiranana). Encore une fois, cette newsletter ne peut qu’être un bref résumé de toutes nos découvertes, on vous en dira probablement plus à notre retour.
Nous avons choisi de faire le trajet en taxi-brousse, sorte d’antique mini-bus bondé et puant, pour des questions de coût mais aussi pour vivre au plus près de la population malgache. Par ailleurs, le taxi-brousse est tellement typique qu’il serait presque, à notre avis, une erreur de ne pas l’essayer au moins une fois. Cependant, nous ne sommes pas près de l’oublier. Avec près de 30 heures de voyage sans arrêt (à part les pauses pipi en pleine brousse et les arrêts pour déposer les gens tout le long du chemin)et 32h sans manger le moindre peu bout (nous avions prévu du chocolat mais il a fondu…) le taxi-brousse fut un grand moment en lui-même! Et ironiquement parlant, on était pas du tout serré, on avait pas du tout chaud… Enfin, c’était malgré tout une aventure à vivre. Stéphanie aurait cependant préféré avoir une place assise, parce que 28h assise sur le fer entre deux strapontins, ce n’est pas très confortable… Elle en pleurait presque.
Diégo-Suarez est une ancienne ville coloniale, qui était française avant le reste de La Grande Ile et qui est restée longtemps sous gestion militaire française bien après la décolonisation. Son statut est donc un peu particulier. Il y a beaucoup de militaires français qui y sont restés, et beaucoup de vasahas qui s’y sont installés par la suite. Aujourd’hui encore, ils sont près de 20 000 résidents étrangers. Diégo est par ailleurs assez touristique (notamment grâce à la magnifique baie de Diégo qui va jusqu’à l’océan indien), et il y a peu d’insécurité. Les blancs ont donc plus tendance à marcher qu’à prendre un taxi et il n’est pas rare d’en croiser dans la rue, sur la plage ou au marché, ce qui contraste fortement avec Tana. Cette ville au passé glorieux garde de nombreuses traces de sa riche architecture, même si aujourd’hui les cyclones et le manque d’entretien l’ont un peu transformée en ville fantôme par endroits. Les paysages alentours sont aussi somptueux, avec les 3 baies, la mer d’Emeraude (complètement transparente) ou le petit village de pêcheurs de Ramena. Hormis l’alliance française, il n’y a pas d’activités culturelles importantes, ni de cinéma (le dernier cinéma du pays, le Rex de Tana, a fermé il y a plusieurs années). C’est ce qui explique la présence de très nombreux restaurants, boostés par l’afflux touristique. En arrivant ici en taxi-brousse, on a vraiment l’impression d’être dans un autre univers… Ce n’est pas la même ambiance, pas le même peuple, pas la même végétation… Mais c’est toujours Madagascar.
Très étendue, la ville ressemble à une sorte de gigantesque village et on réalise très vite que le taux de pauvreté n’est pas le même qu’à la capitale. Ici, on peut facilement vivre du tourisme, de la pêche et de la culture. Un phénomène est à noter cependant : l’omniprésence des taxis jaunes : des 4L aux 3 roues, la profession a été victime de son succès, et ils sont aujourd’hui en surnombre…
On remarque aussi la présence de nombreux « conducteurs » de pousse-pousses qui transportent (avec beaucoup de mérite) des matériaux la journée et qui font office de ramassage scolaire (avec 6 ou 7 écoliers par pousse-pousse !) en début et fin de journée. La nuit, la plupart sont gardien, ils ne dorment donc jamais dans un lit !
Diégo a aussi un port de marchandise, plus petit que celui de Tamatave, mais qui reste assez important malgré tout.
De part la présence de nombreux vasahas, même si la population est moins pauvre, il y a un réel décalage entre les « colons » et la population locale puisque certains vivent avec une retraite française ou un salaire élevé.
Malgré tout, beaucoup d’associations humanitaires ont été créées.
Il y a l’association pour les enfants de l’école maternelle de Ramena, qui récolte des fonds pour ouvrir une nouvelle école. Il y a « Cœur et conscience » qui développe l’éducation à Diégo, « Coup de pouce » ou encore le « Lions Club » qui aide au développement de la ville et finance des projets de toute sorte.
Il y a encore l’Alliance Française. Créée à échelon international, l’alliance française existe depuis de nombreuses années. Il y a un organisme principal à Tana et des antennes un peu partout dans le pays, dont une à Diégo. L’alliance française est un organisme culturel proposant des cours de français, d’anglais, de malgache et d’espagnol de tous niveaux, mais aussi une bibliothèque avec des prêts de livres et des expositions et activités culturels (ateliers d’écriture, de lecture…) de toutes sortes. Le bureau principal de l’alliance se situe à Paris.

La gestion des déchets
C’est un des problèmes majeurs de la ville de Diégo, et plus généralement de Madagascar. Comme à Tana, ici il n’y a aucun traitement des déchets. Pas de poubelles, pas de recyclage, pas même un seul incinérateur dans tout le pays. Seulement des bennes à ordures éparpillées ça et là, ramassés à l’occasion, quand le budget municipal le permet ou quand les élections s’approchent. Et un terrain vague à la périphérie de la ville qui fait office de décharge et auquel on met le feu de temps en temps pour faire de la place sur le tas. Pas même de clôture à ce grand champ et les malgaches, avides de modernité, se sont depuis longtemps mis aux sacs plastiques. Ceux-ci, bien qu’aujourd’hui bannis des caisses de supermarché en Europe, ont la vie belle à Madagascar. Le vent aidant, ils n’ont aucune difficulté pour s’envoler à tout va. Les arbres, à Diégo comme ailleurs, sont ainsi couverts de milliers de guirlandes plastiques de toutes les couleurs…
Si des programmes de recyclage ont été mis en place dans certains pays pauvres, débarrassant les villes de leurs ordures et octroyant du même fait un revenu non négligeable aux « soldats de la propreté » qui ramassent, trient et revendent les ordures, rien de tel n’existe encore à Madagascar. Les populations qui pourraient bénéficier de tels programmes se désintéressent pour la plupart complètement de ces problèmes là. Malheureusement, il y a encore beaucoup à faire pour faire émerger ici une conscience environnementale.
Les décharges publiques sont néanmoins fouillées par les plus pauvres parmi les pauvres. Pas de quoi en faire une activité décente cependant : les bouchons de bouteilles plastiques sont ainsi revendus autour d’un centime d’euros le kilo…
Si ce problème d’ordures jonchant les rues est donc un problème général à Madagascar, il n’en reste pas moins que Diégo-Suarez reste quand même bien plus propre que Tana.

Le travail des enfants
En Afrique de l’ouest, le travail des enfants (et même l’esclavage des enfants) est fréquent. Les enfants soldats en sont l’illustration la plus extrême. Il arrive que même lorsque les enfants sont scolarisés (comme nous le disait une amie qui œuvre au Togo) ceux-ci soient utilisés par leur propre instituteur, durant les temps d’école, pour des travaux ménagers ou des choses plus dramatiques encore. De tous les témoignages qu’on ait pu recueillir (résidents, instituteurs, parents, …) cela n’existe pas à Madagascar. La majorité des enfants sont scolarisés, et lorsqu’ils sont scolarisés, ils le sont vraiment : ils ne sont pas sortis de l’école par leur propre instituteur. Cela n’empêche pas les enfants d’accomplir de menus travaux avant ou après l’école pour gagner un peu d’argent (jardinage, ménage,…) mais cela ne les empêche généralement pas de poursuivre normalement leur scolarité.
Si « la majorité des enfants sont scolarisés », cela signifie néanmoins qu’ils ne le sont pas tous. En ville, de larges affiches de propagande titrant « Carton route au travail des enfants » sont là pour nous le rappeler. La société malgache repose sur une stratification sociale et un système de castes (très proche du système de castes indien) avec les descendants de roi à un bout de l’échelle et les descendants d’esclaves à l’autre bout. Ces derniers sont en général très mal considérés par la haute société malgache (et par certains vasahas), vivent de petits boulots et n’ont généralement pas suffisamment d’argent pour la scolarisation des enfants (bien que l’école publique soit gratuite à Madagascar, mais il y a toujours des frais de rentrée, comme en France). Même lorsque, à force de travail, une famille issue d’une petite caste parvient à scolariser ses enfants, elle devra choisir certaines écoles plutôt que d’autres, et surtout pas d’école privée : si les enfants de la femme de ménage se retrouvaient dans la même école que ceux de ses patrons, elle devrait les retirer immédiatement sous peine de perdre son emploi !
Les enfants issus de ces petites castes ne sont donc pas toujours scolarisés. Ils sont alors généralement employés comme bonnes à tout faire (pour les petites filles) ou pour les travaux des champs (pour les petits garçons)…
Autre problème : les enfants des rues. Il s’agit d’enfants livrés à eux-mêmes, orphelins ou dont la famille ne s’occupe pas. Ceux-ci ne vivent que de petits boulots et de menus larcins. Ils ne sont bien évidemment pas scolarisés, même si l’ONG « Graine de bitume », très active sur ce point, œuvre pour la réinsertion scolaire ou professionnelle de ces enfants.
La situation des enfants reste donc un problème à Madagascar.

Ramena
Petit village de pêcheurs, Ramena (on ne prononce pas le « a » final) est devenu la plage de Diégo, situé à une quinzaine de kilomètres. Pour aller à Ramena, on emprunte une petite route pittoresque, où il n’est pas rare de faire la rencontre de zébus ou de poules en liberté. Sur le côté droit, de magnifiques Baobabs se dressent fièrement (on réalise alors que le baobab, par sa puissance, sa grandeur et sa beauté, n’a décidément rien de commun avec les autres arbres) tandis qu’à gauche, au loin, on aperçoit la baie de Diégo et son fameux Pain de sucre, un pic rocheux abrupt qui semble posé là par erreur, entouré d’eau, magnifique au coucher de soleil (la petite ile qu’il forme est fady, interdite d’accès, pour des raisons religieuses).
Au port de Ramena, on fait aisément la différence entre les bateaux de touristes ou des vasahas et ceux des pêcheurs. Ces derniers utilisent des boutres, de petits bateaux artisanaux tout en bois, équipés d’un mât et d’une voile libre, attachée en haut du mât et à l’avant du bateau. Le petit moteur à essence sert aux manœuvres d’approche. C’est avec ce type de bateau que nous sommes partis à la mer d’émeraude. C’est vraiment sympathique et les paysages sont absolument magnifique…C’était une super journée, si on oublie que notre mât s’est cassé (!), et qu’on est ensuite tombés en panne d’essence…
La mer d’Emeraude est à l’extérieur de la baie de Diégo, en remontant vers le nord. Depuis Ramena, il faut compter une heure en boutre, mais le résultat est spectaculaire ! Nous découvrons une eau d’une couleur particulière et d’une transparence impressionnante. Pour un peu, on aurait vraiment l’impression d’être les figurants d’une revue en papier glacé…
De l’autre côté de Ramena, directement sur l’océan indien, il y a les 3 baies dont la baie de Sakalava où l’on retrouve de nombreux kite-surfeurs et où l’on constate que cet endroit de Madagascar est quand même très touristique par rapport à Tana. Il y a également la baie des pigeons, plus ou moins désertique et qui, elle, rappelle par endroits les paysages dénudés d’Irlande, ailleurs le maquis Corse ! Et enfin, la baie des Dunes, d’où l’on aperçoit d’ailleurs vaguement, au large, la mer d’Emeraude.

Joffreville et la Montagne d’Ambre
A une trentaine de kilomètres de Diégo se trouve la petite ville de Joffreville. A l’époque coloniale, cet endroit était le lieu de repos des militaires en faction à Diégo, car elle bénéficie d’un climat doux et pluvieux de par son altitude élevée, bien plus reposant que la chaleur suffocante du bord de mer. A quinze minutes de là, après une piste assez sportive, on se retrouve devant l’entrée du parc national de la montagne d’Ambre, géré par l’Angap (Association Nationale pour la Gestion des Aires Protégées), en collaboration avec le WWF. Pour visiter le parc, il nous faut impérativement un guide, ce qui permet d’éviter les abus, d’assurer un certain contrôle et de faire travailler la population locale. La réserve s’offre alors à nous, du long de ses 18200 ha, jusqu’à son sommet culminant à 1475 m. Tout ici, ou presque, est endémique : chaque arbre, chaque plante, chaque animal sur lequel l’œil s’attarde est une espèce propre à Madagascar, et ne vit nulle part ailleurs. Certaines ne vivent même qu’à la Montagne d’Ambre. Sur les 11 espèces de caméléons vivant ici, nous en verrons deux, dont le plus petit du monde (à peine 2 cm !). Il faut dire que Madagascar recueille plus de la moitié des caméléons du monde… Nous croiserons aussi deux espèces de lémuriens (dont le fameux Fulvus sanford), des mangoustes, des orchidées à en perdre la tête, et des centaines d’espèces endémiques de plantes carnivores, de champignons, lianes et plantes médicinales. Ici, un figuier étrangleur (Ficus rubra), là un martin pêcheur ; ici une magnifique cascade sacrée (il y en a trois dans le parc, que nous verrons toutes les trois), là une datura, du yucca, un pandanus, une framboise sauvage, Canarium madagascariensis, Cana indica ou un joli petit oiseau, « ouli-ouli ».
Nous nous attardons 5h dans ce parc à l’occasion d’une randonnée et décidément, à chaque nouveau pas, nous ne pouvons que constater que l’endémisme est partout. Dépaysement garanti !!

Le lac sacré
Plus loin dans les terres, près d’Anivorano Nord, il y a le lac sacré. Selon une légende, un sorcier aurait puni un village pour sa méchanceté et son manque d’accueil et les aurait tous transformés en crocodiles excepté une femme qui lui avait, elle, donnée de l’eau. Aujourd’hui, c’est un beau lac infesté de crocodiles et qui attire les touristes notamment les jours de sacrifice et de rituels. On a vu deux bébés crocodiles, la maman ne devait pas être loin mais elle se cachait.

Le nord de Madagascar est donc haut en couleur et totalement différent de la capitale de par son climat, son paysage et sa population. De ce fait, nous avons choisi de faire volontairement une newsletter très carte postale, non exempte cependant de quelques réflexions.
Nous vous retrouverons très prochainement pour une nouvelle lettre.
Les nouvelles photos ont été rajoutées sur le site internet de l’association, toujours ici :
http://objectifmada.free.fr/visionneuse/web/index.html
Nous atteignons la capacité maximale donc nous ne pouvons malheureusement pas partager avec vous toutes nos photos. Les autres le seront donc sous forme d’exposé, à notre retour en France, comme prévu.
A bientôt.
Simon et Stéphanie

lundi 11 octobre 2010

Objectif Mada Newsletter 1

Bonjour à tous

Avant de vous présenter le début de notre voyage, nous attirons votre attention sur le fait que notre site internet n'est plus à jour depuis un moment et nous nous en excusons : nous avions perdu les codes d'accès avant notre départ à Madagascar. Nous les avons maintenant récupérés, mais ici les mises à jour risquent d'être difficiles vu nos possibilités de connexions internet et l'extrême lenteur du réseau… Cela se fera donc, on l'espère, petit à petit.

En attendant, c'est donc par l'intermédiaire de cette newsletter que nous remercions toutes les personnes qui nous soutiennent et notamment nos donateurs : L'entreprise PPS de Marseillan, Jean-Michel, Bernard, Jeanne, Sonia, Christophe, Arlette, Paule, Michel, Christine ainsi que tous ceux qui nous ont aidé ces derniers mois ou ces derniers jours, et qui se reconnaitrons.


Madagascar.

C'est une jolie île vue du ciel.
En arrivant à l'aéroport, on se retrouve dans un décor de films exotiques. L'avion atterrit entre des champs et des lacs et on sort directement sur le tarmac. Personne à part les voyageurs et quelques policiers interdisant les photos.

Dans l'aéroport, l'ambiance est tout autre. Nous arrivons à la douane et nos visas de 3 mois nous permettent de passer directement sans faire la queue. Nous récupérons nos bagages, passons un dernier contrôle de douane sans le moindre problème. Après tout ce qu'on nous avait dit sur les problèmes de douane et la corruption de fonctionnaires, on s'attendait au pire. Mais il semble que Madagascar tente de faire des efforts dans ce domaine. Le passage à la douane et la récupération sont calmes comparé à l'effervescence de la sortie. Lorsqu'on passe finalement, le dernier contrôle, Madagascar la grande île s'ouvre enfin à nous comme elle est. Et ca fait un choc. Des dizaines de personnes tendent vers nous des panneaux portant l'inscription de telle personne ou de telle association. Nous jetons un rapide coup d'œil pour voir si nous ne voyons pas Kony, le contact qui doit venir nous chercher. Ne le voyant pas, nous nous dirigeons vers la sortie de l'aéroport afin de s'extirper de la cohue ambiante pour réfléchir à ce qu'on avait encore à faire. Mais instantanément, nous voila entourés de dizaines de chauffeurs de taxi qui se proposent de nous amener dans un hôtel, de tour-opérateurs, de vendeurs en tout genre qui nous proposent des excursions et qui nous laissent quand même leur programme avec un numéro de téléphone, malgré notre refus catégorique, des gens qui nous proposent leur aide pour tout et n'importe quoi, comme échanger de l'argent à un taux avantageux mais sans aucune légalité, passer un appel dans l'aéroport pour voir si notre contact est dans l'aéroport, ou nous amener s'il n'arrive pas. Lorsqu'on dit que ça ne sert à rien d'insister puisqu'on ne connait pas l'adresse, on nous propose alors des téléphones portables pour appeler. Nous commençons à nous sentir étouffés. Nous savons que la première chose à faire est de changer de l'argent, mais à cette heure matinale un dimanche, les banques ne sont pas encore ouvertes. Nous finissons quand même par trouver un bureau de change, la Socimad, dont la porte est encadrée par un homme qui n'inspire pas confiance à Stéphanie mais qui en fait semble nous protéger des rôdeurs en tout genres.

Quand nous ressortons, la meute se fait de plus en plus pressente. Normal, nous sommes des vazahas (des blancs, symboles de richesses), et il n'est pas rare d'entendre dire qu'il est écrit « euro » sur notre front. Pas évident d'expliquer que nous, nous sommes des vazahas pauvres !

La semaine est riche en découvertes. Tant en découvrant la ville qu'en découvrant les gens. Il y a tant de choses à raconter (nous écrivons chacun entre 1000 et 2000 mots par jour dans nos notes personnelles) que nous ne pourront ici que faire un bref résumé. Des images en tout genre, de la somptueuse maison et de l'immense 4x4 avec chauffeur du diplomate étranger au bébé presqu'à l'abandon, trainant dans la crasse et la pauvreté extrême, Tana est la ville du paradoxe et des extrêmes. Ici, nous prenons réellement conscience de ce que signifie « vivre avec moins d'un dollar par jour ». Nous sommes totalement désespérés par certaines situations. Lors de notre première semaine, nous nous faisons attaquer par des enfants des rues (heureusement sans gravité) mais peut-on réellement leur en vouloir ?
Dans notre quartier, Andraisoro, dit « le quartier des sorcières » (les taxis n'osent plus s'y aventurer au-delà d'une certaine heure), à la périphérie d'Antananarivo, nous sommes les seuls blancs. Autant dire que nous ne passons pas inaperçu. Alors, chaque jour, les enfants nous croisant nous lancent un "Salut Vazaha!" auquel nous n'avons d'autre choix que de nous y habituer. Pourtant, il règne quand même une certaine quiétude dans ce quartier déshérité, par rapport au centre ville. Le rythme y est plus lent, la vie plus paisible et les gens moins farouches. Nous nous y sentons plus en sécurité.

Tana est construite toute en hauteur, sur 12 collines qui surplombent la ville tout autour, à une altitude de plus de 1500 m pour certaines (comme celle du quartier du palais de la reine). Les bas quartiers n'ont ainsi pas de bas que leur nom. On y trouve de nombreux petits artisans, des vendeurs de rues et autres petites boutiques. Tout ici est rouge, couleur de la latérite, la terre de Madagascar qui, en période sèche, produit une fine poussière recouvrant chaque chose et chaque personne.

Les déchets sont partout : ici, le ramassage des poubelles est aléatoire et le recyclage inexistant. C'est une des premières choses qui marque en arrivant à Antananarivo (Tana).


Première impression mitigée donc, Tana est une ville difficile où tout est à réapprendre. Comment trouver à manger ? Comment se déplacer en taxi-bé (bus) ? Ici, rien ne fonctionne comme en France et nous n'avons plus le moindre repaire. Sans compter la pollution, et notamment celle de l'air qui doit largement dépasser les critères français sur les seuils d'alerte. Tana est une des villes les plus polluées du monde, comparable à Mexico. Les embouteillages sont nombreux et la mauvaise qualité du pétrole, non normé comme en France et souvent mélangé à… de l'eau, ne fait qu'empirer les choses.
Mais les gens que nous côtoyons sont chaleureux et nous apprenons tellement de choses ! La meilleure note revient probablement à la nourriture : des dizaines de variétés de fruits et légumes exotiques, du zébu, des recettes asiatiques à la sauce malgache etc. Nous avons de quoi faire et c'est vraiment délicieux. En revanche, il faut aimer le riz et le fameux ranofolo (l'eau de riz).

Ces deux premières semaines ont été consacrées au travail avec une de nos associations partenaires: Mad'arbres. Cette association a pour but de faire découvrir l'arbre et la nature à travers la grimpe (ce que l'on pourrait comparer à de l'accro-branche en autonomie, en quelque sorte). Mad'arbres fait découvrir son univers à des touristes, mais aussi à des enfants grâce à son club de grimpe et le plus important, à des chercheurs qui ont besoin d'observer des plantes ou animaux dans des lieux difficiles. Ils emploient de nombreux malgaches et leur fournissent un moyen de subsistance. D'autres projets sont en développement et nous les aidons dans ce sens. Durant la première semaine, nous avons suivi la formation de grimpe et Simon est devenu un vrai pro !

Pour ce qui est des autres projets: nous avons pris un contact avec une institutrice d'une école populaire qui serait intéressée par un échange culturel avec une école française. Seul problème, l'école n'a pas de connexion internet et 80% des élèves ne parlent pas (et n'écrivent pas !) français. Nous cherchons donc des solutions intermédiaires (utilisation de La poste à la place d'internet, peut être échanges de dessins plutôt que d'écrits, éventuellement si les budgets de notre association grandissent financement de la connexion internet,…) Nous appelons donc les institutrices françaises avec qui nous sommes en contact à nous transmettre leurs idées si elles en ont. A Madagascar, tout est plus compliqué qu'en France… Néanmoins, il est sans doute possible de faire quelque chose.

Nous avons également pris contact avec Graines de bitume, une association qui travaille à la réinsertion des enfants des rues. Nous en reparlerons très prochainement. Concernant les envois d'affaires scolaires dans des écoles défavorisées de Madagascar, il y aura probablement des possibilités aussi.


Le fonctionnement des écoles malgaches.


Les enfants vont à l'école du lundi au vendredi et ne travaillent pas les mardis et mercredis après-midi. Les écoliers ont des tabliers pour se rendre en cours dont la couleur et la forme varient en fonction de l'école et du niveau.
Au niveau lycée, les élèves ont leurs cours en fonction de leurs options et filière, ce qui ressemble assez au système américain.

La plupart des enfants qui en ont les moyens vont dans des écoles privées qui sont d'un niveau un peu plus élevé. La référence à Tana reste le lycée français, géré par la France, même s'il ne s'agit pourtant pas d'un établissement privé, mais d'un établissement payant « public français ». Il emploie des enseignants qualifiés venant pour certains de métropole et avec un salaire similaire (quand les autres enseignants du pays sont payés 40 euros par mois en moyenne).

Les écoles se basent soit sur le programme français des années 1960 (on parle encore du certificat d'études primaires et du BEPC), soit sur le programme belge pour l'essentiel. Dans le public, les moyens sont extrêmement faibles: peu de matériels (une craie vaut presque de l'or). Le niveau des élèves est faible. Beaucoup d'enfants n'y vont pas et préfèrent rester dans la rue ou travailler.
Les niveaux de classes suivent plusieurs systèmes selon le programme utilisé (système français actuel : CP, CE, CM, 6éme, … essentiellement pour les écoles privées ; système français ancien : 11éme, 10éme, 9éme, … 6éme, … essentiellement pour les écoles publiques ; ou encore système typiquement malgache : T1, T2, T3, … pour certaines écoles de brousse).

Pour découvrir les premières photos de notre périple, nous nous invitons à vous rendre sur :

http://objectifmada.free.fr/visionneuse/web/index.html


Nous évoquerons dans notre prochaine newsletter le pillage des ressources naturelles de Madagascar, la déforestation, la gestion des déchets, et nous tenterons de vous faire une description de la famille malgache. Nous parlerons aussi des associations que nous auront contactées.

Par ailleurs, nous quitterons Antananarivo (la capitale) pour Diégo-Suarez (au nord) et ne manquerons pas de vous en faire une description.

A très bientôt.

Simon et Stéphanie

mardi 17 août 2010

Madagascar, J - 1mois

Le jour où j'ai compris qu'il n'y avait pas de destin établi à l'avance, si ce n'est celui que l'on choisi pour soi-même, j'ai commencé à vivre pour de bon. Je venais d'échapper à une longue et grave maladie, et la notion même de vie me semblait désormais bien claire. Après plusieurs mois d'immobilisation, j'expérimentais à nouveau sa principale expression : le mouvement. Je ne me lassais pas de courir, respirer, sourire, faire de la moto ou du parachute. Je savais désormais que l'avenir appartient à ceux qui prennent le leur en main. 


Je voulais maintenant être heureux, et pour cela il me fallait changer le monde, à commencer par le mien. S'épanouir, c'est être fier de soi et comme je n'avais encore aucune raison de l'être, il fallait que ça change: je pris ainsi la décision de commencer les grands chantiers de ma vie, ceux qui me permettraient, à termes, de réaliser mes rêves. Non pas plus tard, dans cinq ou dix ans, comme je me disais jusqu'alors, mais tout de suite. Ainsi, peut-être que dans cinq ou dix ans je pourrais être fier de moi. Mais l'ordre des choses veut qu'à chaque force impulsée, une force inverse s'établit. Au fur et à mesure que grandissait ma volonté, mes ennemis grandissaient avec elle. Il ne me fallut pas très longtemps pour faire taire mes ennemis extérieurs, les rabat-joie, les frustrés et les méchants qui ne rêvaient par jalousie que de nous faire tomber, moi et mes projets. Certains jours, ils regagnaient un peu de terrain mais mon ange gardien, ma petite fée à moi, venait en renfort pour leur clouer le bec.


Mes ennemis intérieurs furent plus difficiles à dompter: ma fainéantise naturelle, mon penchant à la prise de tête, à la complication et à la réflexion stérile, ainsi que mon égo parfois un peu trop gros pour une seule personne, furent incontestablement plus coriaces, et plus aptes à faire épisodiquement retomber le moral au fond des chaussettes.

Pourtant, dans exactement un mois, nous serons dans l'avion.


Même si on ne peux pas faire à Madagascar tout ce que l'on avait projeté (par manque de temps pour s'organiser à la veille de la soutenance qui fera peut être de moi un ingénieur écologue, par manque d'argent, par manque de soutien), il ne fait aucun doute que ce sera un voyage inoubliable, à la hauteur de nos espérances, et utile aux gens que nous voulons aider. Ce ne sera peut être qu'un grain de sable d'espoir supplémentaire pour ce pays, mais nous savons tous que ce sont ces petits grains rassemblés qui formeront les dunes capables de ralentir la marée de calamités. Aujourd'hui encore, j'ai vu cette petite flamme dans les yeux de tous ceux qui sont allés à Madagascar, qui en sont revenus et qui en parlent. Cette flamme, je l'ai vue maintenant des dizaines de fois. Aujourd'hui, elle était dans les yeux d'un homme que je n'avais jusqu'alors jamais vu sourire :  le professeur d'hématologie que je consulte deux fois par ans.


Madagascar ne peut, je pense, pas vraiment s'expliquer avec des mots: les siens, comme ceux de tous ceux qui nous en ont parlé, étaient simples et retranscrivaient mal l'émotion que je lisais dans sa voix et ses yeux. Dans un mois, ce seront pourtant nos mots qui tenterons de vous expliquer cette ile de tous les extrêmes, et peut-être nos yeux qui en diront un peu plus long sur cette aventure.


Simon.